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cestarrive

Mon histoire

là bas

J'ai été placée, c'est comme cela qu'ils disaient, dans une famille qui habitait le centre de la France. Le ventre de la France.

A cette époque, le diable c'était les communistes et le mot "Bosch" pour désigner les allemands était encore employé. Ils disaient "encore un que les Bosch n'auront pas" après un repas.

Ils étaient quatre. Le père plâtrier peintre, la mère au foyer et deux fils.

Le portail donnait dans une cour intérieure. A droite quasiment de plein pied, un bureau, puis un escalier grimpait le long du mur jusqu'à un balcon qui courait le long de l'étage. A l'extrémité de ce balcon, les toilettes. Il fallait donc passer par l'extérieur de l'appartement pour aller aux toilettes.

Au ré de chaussé, faisant face au bureau, il y avait un atelier dont les vitres donnaient sur la cour et dont l'intérieur était visible de l'escalier. Dans cet atelier, des pots de peinture sur des étagères et sur le sol, des pots de peinture vides dans lesquels trempaient des pinceaux et des rouleaux.

Des tables à tapisser contre les murs et la porte du garage qui donnait sur la rue.

Au fond, derrière l'atelier, une pièce aménagée en dépôt de charbon, puis quelques marches et un emplacement pour garer une voiture qui donnait sur la rue de derrière.

Dans mes cauchemars je me suis souvent vue me sauver par cette porte arrière de la maison.

Comme punition, j'ai passé quelques heures dans le dépôt de charbon dans l'obscurité car mon bourreau prenait soin d'enlever l'ampoule du plafonnier.

Je n'osais pas me retourner, je restais face à la porte à l'intérieure car j'imaginais que quelqu'un surgisse de dessous le tas de charbon et j'étais terrorisée.

A l'étage, les pièces communiquaient les unes avec les autres. Je veux dire que la répartition ne se faisait pas à partir d'un couloir mais d'une pièce à l'autre.

L'entrée se faisait par la cuisine ouverte sur la salle à manger. Autour de ces deux pièces principales se distribuaient les chambres. Celle que je partageais au début avec une autre fille de l'aide sociale. Celle des parents qui donnait sur une terrasse. Celles des fils, une chacun. Dans une des chambres des fils, un coin douche caché par un rideau qui traversait la pièce et un lavabo en guise de salle de bain.

J'ai souvent rêvé que je me sauvais en passant par dessus la balustrade de la terrasse.

Au ré de chaussé de cet appartement, un autre qui était loué par le couple.

Cette maison était triste, elle puait le malheur et les larmes.

Voilà, le décor est planté. Le récit des jours de misère peut commencer.

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